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gence et de nulle épargne aux choses de son estât ( i ) . »
   Jean de Tournes avait organisé excellemment chez lui le
travail en toutes ses parties ; il s'était préparé à imprimer
un caractère nouveau à la confection du livre, et, comme
il avait un sentiment très juste du goût de son temps, il
devait entreprendre d'introduire dans les choses de l'art qui
confinaient à son métier les raffinements qu'on recherchait
avec une sorte de passion. Ce mouvement devait être accé-
léré par le nombre et la hardiesse des lettrés, et ce qu'il y
a de plus singulier, c'est que, dans le même temps, en pré-
sence de cet art délicat qui procédait de l'école de Fontai-
nebleau, qui visait à l'élégance et y sacrifiait la justesse,
dont Bernard Salomon était le spirituel inspirateur, l'art
français, plus sévère, plus noble et plus correct, était repré-
senté à Lyon par un maître d'un haut mérite, par Cor-
neille de Septgranges, qui est encore ignoré de nos jours(2).
L'enseignement de ce maître devait être perdu.
   L'exemple donné par Jean de Tournes devait être suivi.
Balthazar Arnoullet, Guillaume Roville et Mathieu
Bonhomme étaient attentifs à cette direction nouvelle qui
faisait prévoir que leur métier déjà si prospère le serait
encore davantage. Guillaume Roville, qui n'était que
libraire, n'avait certes pas le génie de de Tournes, mais il
était très entreprenant, très curieux, d'ailleurs très instruit


   (1) L'auteur du Dialogue de l'ortografe (1555), cité par MM. Alfred
Cartier et Adolphe Cheneviére dans leur étude sur Antoine Du Mou-
lin (1896, p. 14), étude intéressante de tout point.
   (2) Nous avons fait connaître Corneille de Septgranges en 1888 dans
notre livre sur les Peintres de Lvon. mais M. Julien Baudrier, qui a eu
la bonne fortune de découvrir des ouvrages de ce maître, a su lui assi-
gner le rang auquel il convient de le placer. (Bibliographie lyonnaise du
XFI" siècle, 2 e série, 1896, p. 371 à 381.)