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25O                        PIERRE ESKRICH

et fort entendu à son commerce. Tandis que Jean de
Tournes paraît avoir chargé Bernard Salomon de l'illustra-
tion de ses éditions à figures, sans abandonner la conduite
de ce travail et celle de l'atelier de gravure, ce qui a pro-
duit l'unité relative qu'on remarque dans cet œuvre,
Guillaume Roville a eu recours à plusieurs ouvriers du
crayon et de l'outil, de valeur inégale, et leur a laissé une
indépendance qui explique tant de négligences. S'il est dif-
ficile de porter un jugement avec quelque certitude sur le
mode d'exécution des livres illustrés, publiés par lui, c'est
qu'ils sont pour la plupart l'Å“uvre de trois ou quatre arti-
sans différents, dessinateurs ou graveurs.
   Nous avons dit que l'ornementation du livre est, sous
l'impulsion de Jean de Tournes, devenue tout autre
après 1546. Roville, qui s'était formé à Paris, s'est établi à
Lyon en 1548. C'est en cette dernière année qu'Eskrich y
est venu. N'y a-t-il pas été amené ou appelé par Roville?
Il portait alors le nom de Pierre Vase, et Pierre Vase a tra-
vaillé presque toujours pour Roville. Nous y reviendrons en
parlant des ouvrages dont l'illustration est de la main d'Eskrich.
   Eskrich était protestant; sa femme, Jeanne Berthet, l'était
aussi.
   En 1548 et dans les années suivantes, il y avait à
Lyon une rare modération en matière de religion. La vie
commune avec tant d'étrangers, les uns appelés aux foires,
les autres engagés dans les métiers, avait habitué à la tolé-
rance; l'intérêt de la cité commandait de ne pas inquiéter
les étrangers, et d'ailleurs les lettrés lyonnais, même les
plus hardis, ne paraissent pas avoir eu l'esprit de la
Réforme, encore moins l'esprit de révolte (1). Mais un

   (1) M. F. Buisson l'a reconnu dans son livre sur Sébastien Castellion,
sa vie et son œuvre (1892, t. I, p. 50 à 58).