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I90 LE PROFESSEUR OLLIER jambe: des complications s'étant produites il désirait l'avis du célèbre chirurgien, mais le client pas assez indigent pour entrer à l'hôpital n'avait pas cependant les moyens de faire venir un tel Maître et n'eût voulu pour rien au monde accepter l'aumône d'une consultation. Mis au courant de la situation, Ollier se rendit au domi- cile du malade à l'heure où il savait y trouver le docteur L... et le fit demander. Celui-ci, sous prétexte de montrer son client à un confrère venu par hasard, eut une consultation dans toutes les règles. La guérison suivit : aucun honoraire, bien entendu, ne fut remis au chirurgien venu fortuite- ment, et le malade ignora toujours le nom de son sauveur et le stratagème employé pour ménager sa susceptibilité. De tels actes se passent de commentaires et ils abondent dans la carrière d'Ollier. Généreux, il l'était à l'extrême, et jamais une infortune ne frappa à sa porte sans qu'il donnât largement. Les con- frères malheureux, français ou étrangers, étaient assurés de trouver en lui un soutien et une assistance, et ils sont nom- breux ceux qu'il aida non seulement de ses conseils, mais encore de sa bourse, leur permettant d'achever leurs études, de poursuivre la voie des concours, de franchir un passage difficile. Uniquement soucieux des intérêts de la science et de sa profession, vivant pour elles et n'attendant rien que d'elles, il ne s'inféoda à aucune coterie, et son indépendance fut une des conséquences de son caractère. Il était libéral d^ns le bon et large sens du mot. Sa nature foncièrement honnête et droite répugnait aux bassesses, aux petitesses des polémiques de parti, aux compromis. Il était grand partisan de la liberté d'enseignement, voulant que la science se répandit partout, pourvu qu'elle enseignât la vérité.