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                    LE PROFESSEUR OLLIER                     I9I

   La haute valeur du professeur Ollier, la droiture de son
caractère, l'autorité de son nom semblaient le désigner aux
suffrages de ses concitoyens pour occuper une fonction pu-
blique et les représenter à l'une ou l'autre de nos assemblées.
Aussi fut-il fréquemment sollicité dans l'Ardèche et dans le
Rhône d'accepter un siège à la Chambre ou au Sénat. Une
fois, entre autres, M. Jules Cambon, alors préfet du Rhône,
le pressait de se porter candidat au siège de sénateur vacant
en ce moment. Malgré les instances de M. Cambon, l'émi-
nent chirurgien refusa : tout en remerciant vivement le
Préfet de l'honneur qui lui était fait, il ajouta qu'ayant à
peine le temps de suffire aux exigeances de sa profession, il
se considérerait comme coupable d'accepter un mandat qu'il
savait d'avance ne pouvoir remplir qu'au détriment de la
science, de ses malades, de ses élèves. « Je suis médecin,
dit Ollier en congédiant son interlocuteur, je reste méde-
cin. » Qu'ils sont rares, aujourd'hui, ceux auxquels sem-
blable désintéressement dicterait une telle réponse ! Com-
bien, au contraire, se croyant capables, dans leur suffisance,
d'unir et mener à bien la science et la politique, n'arrivent
qu'à négliger l'une aux dépens de l'autre, à n'en satisfaire
aucune, à végéter dans les deux.




   La mort d'Ollier est une perte immense dont on ne con-
naîtra bien la portée que lorsque les jours auront passé. Son
infatigable activité lui permettait d'accomplir sans défail-
lance tout ce qu'il entreprenait et jamais il ne laissa inachevée
la tâche qu'il se traçait au matin de chaque jour. Il sem-
blait que l'âge n'eût aucune prise sur sa nature robuste,
que la maladie ne paraissait jamais devoir atteindre. Un