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	 164                I-A. l'LHIADE FRANÇAISK
   Aussi bien ceux-ci n'ont-ils point lait difficulté de le
reconnaître, et je n'en sache pas un, depuis Ronsard
jusqu'à Etienne Pasquicr, qui n'ait tenu à honneur de
rendre hommage à Maurice Scève. Ils ont surtout admiré
sa Délie, qui parut pour la première fois en 1544 chez
Antoine Constantin, — trois ou quatre ans donc avant
qu'aucun d'eux eût senti s'éveiller en lui l'ambition poé-
tique; — et, ne fût-ce que pour cette raison, Délie, objet
de plus haute vertu, marque une date ou une époque dans
l'histoire de notre poésie.
     La forme seule en serait déjà digne d'attirer l'attention,
 et le titre tout seul en a quelque chose de symbolique. Délie
 en effet, c'est Délie sans doute, c'est une maîtresse du poète,
 Pernette du Guillet peut-être ; c'est peut-être un ressou-
 venir de la Délie de Tibulle ; mais c'est en même temps
 l'anagramme de l'Idée. La disposition typographique du
 poème est un autre symbole, et dissimule assurément quel-
 que autre intention ; il se compose en effet de 449 dizains,
 très artistement rimes, — ababbccdcd, — et séparés en
 groupes de 9 par des Figures et Emblèmes, soigneusement
 gravés, tels que la Femme et la Lycorne, avec cette devise :
• « je perds la vie pour le voir; » Acléon, avec la devise :
  « Lortune par les miens me chasse; » ou le Paon, avec
 celle-ci : « Qui bien se voit orgueil abaisse. » Mais voici
 bien une autre affaire ! De ce total de 449 dizains, quand
 on retranche les cinq premiers, qu'on pourrait appeler
  liminaires, et les trois derniers, — qui forment conclusion,
  en prolongeant le poème au delà de la mort de l'amant, —
 il nous en reste 441, lequel nombre, étant additionné
 chiffre à chiffre, donne 4 - j - 4 -f- 1 = 9, et divisé par 9,
  donne 49, qui est lui-même le carré de 7, comme 9
  est le carré de 3. Qu'il y ait là dedans « de la cabale, »
					
		