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                       I.ïiCOLK LYONXAISK                        16)

ainsi qu'on dit familièrement, nous n'en pouvons guère
douter, et nous dédions ce problème de mathématique
littéraire à la méditation des spécialistes ( i ) . Mais le
lecteur ne s'étonnera pas que, pour s'être soumis à une
semblable contrainte, l'auteur de Délie en soit devenu
généralement inintelligible, et au contraire il admirera que,
dans la nuit de ce poème obscur, on voie, pour ainsi dire,
étinceler encore tant et de si singulières beautés.

                              CCXXI
           Sur le Printemps, que les Aloses montent.
           Ma Dame, et mov sautons dans le bateau
           Ou les Pescheurs entre eux leur prinse comptent,
           lit une en prent : qui sentant l'air nouveau,
           Tant se débat, qu'en fin se saulve en l'eau
           Dont ma Maîtresse et pleure et se tourmente.
           — Cesse, lui dy-je, il faut que je lamente,
           L'heur du Poisson que n'as sçeu attraper,
           Car il est hors de prison véhémente
           Ou de tes mains ne peux onc eschapper (2).

   N'y a-t-il pas là tout un petit tableau de genre pris sur
le vif, ad vivum, et dont la grâce maniérée ne manque
assurément ni d'élégance ni de charme ? Mais dans le dizain
que voici n'y a-t-il pas quelque chose de plus ; et n'y
retrouve-t-on pas ce mélange de mysticisme et de sensua-
lité que nous avons plus haut essayé de définir ?


  (1) On retrouvera les mêmes préoccupations scientifiques sous une
autre forme, et le même étalage d'érudition, dans l'autre grand poème
de Maurice Scève, son Microcosme, dont nous ne disons rien ici, parce
qu'il n'a paru qu'en 1562.
  (2) L'orthographe que nous reproduisons est celle de l'édition de
Paris, chez Nicolas du Chemin, 1564.