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              Souvenirs du siège de Belfort




    UN FUSIL QUI A PEUR


           )E jour-là, 19 décembre 1870, à midi, nous allions,
             le caporal de la garde montante et moi, suivis
             de trois ou quatre mobiles, relever les faction-
naires placés à la lisière de la forêt de l'Arsot.
   Comme nous approchions de la route qui va de Belfort
à Offemont, près de l'endroit où devait se trouver la sen-
tinelle postée à quelques pas du cimetière, notre attention
fut attirée par des cris et un bruit de luttes dans les branches
d'arbres; nous accourûmes: la sentinelle n'était pas à sa
place habituelle; mais à quelques mètres de son poste,
entre les arbres et au milieu des broussailles foulées, deux
hommes se roulaient et se frappaient mutuellement à coups
redoublés; nous les séparâmes: l'un des belligérants était
ma sentinelle, Auguste Poillod, mobile de mon escouade,