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104 L'ÉCRIVAIN CLAUDE DU VERDIER même ordinairement simple se croit tenu à des merveilles d'ingéniosité. Que fera donc un du Verdier ? En 1603 — cette fois dans toute la force de l'âge — il dédie à Sully une nouvelle édition de la Prosopographie de son père. Dans ce morceau évidemment très étudié, on trouve les choses les plus singulières, et entre autres celle-ci : « Recognoissant, Monseigneur, que ce Mort tout plein de Vies (1) avait besoin de la vie d'un illustre vertueuse- ment illustre, pour le faire vivre et reluire par la vie de sa vertu et le lustre de son beau los, je n'en ay sceu choisir d'autre que ce grand de Béthune (2), trois quatre fois illustre par son nom, sa noblesse, son courage, sa valeur et sa prudence..., l'Athlas du royaume, le Mars, l'Egide, le le foudre de nostre grand Roy la merveille des Rois et le Roy des merveilles, son Nestor, son Ajax, sa chaîne dorée dont il lie tous les cœurs de ses sujects et les luy faict tirer et attirer tout à la fois par un seul chaînon, etc. » Tous les ouvrages dont on a parlé jusque-là sont dis- persés dans la littérature du temps. Claude du Verdier n'a publié sous son nom que deux petits volumes, tous les deux en latin. Le plus ancien, mêlé de vers et de prose, porte le titre poétique de Peripetasis epigrammatum {Couronne d'épi- grammes). Claude du Verdier l'ouvre par une prière à la Muse, « pour qu'elle tresse une guirlande à son père », car lui aussi est dévot au culte des neuf Sœurs. Après cette intro- (1) La Prosopographie. d'Antoine du Verdier, mort depuis 1603. Cet ouvrage tout plein de Vies rappelait en effet la mémoire des person- nages les plusxonnus, à commencer par Adam. (2) Maximilien de Béthune, plus connu sous le nom de Sully.