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                L'ÉCRIVAIN    CLAUDE DU VERDIER            101

rante de la littérature du temps. Il suffira, à titre d'exem-
ple, de dire comment du Verdier louait un ouvrage de
Pierre Grégoire sur le droit. Mêlant la Bible et Ovide, il
fait tout d'abord le tableau ducahos primitif débrouillé par
le grand Arrangeur. Grégoire a rendu le même service à la
jurisprudence: il a mis l'ordre et la lumière dans le droit,
« avant lui pâte informe, masse confuse et ténébreuse ».
Il y a toutefois deux différences entre Dieu et Pierre Gré-
goire : le monde n'a rien coûté à Dieu qu'un signe de sa
volonté, et Grégoire a longtemps peiné sur son travail ;
ensuite, si l'organisation de l'univers est plus ancienne,
elle périra aussi la première, « ou tout au moins un seul
jour détruira ces deux œuvres : l'ordonnance du inonde et
l'ordonnance du droit » !
    Si on considère que du Verdier était presque un enfant
quand il écrivait ces pauvretés, que l'hyperbole était une
loi du genre, que d'ailleurs la forme est assez bonne, avec
une certaine élégance aisée, on sera indulgent pour cette
littérature de frontispice. Elle n'est ni meilleure ni pire que
toute celle de l'époque.
   En tout cas, les vers français de du Verdier sont au-
dessous de ses vers latins. C'est ce qu'on peut noter aussi
dans beaucoup d'autres écrivains du même siècle : leur latin
est pur, facile, de bonne venue; mais ils deviennent embar-
rassés, lourds et plats aussitôt qu'ils touchent à leur langue
maternelle.
   Nous avons trois poèmes français de Claude du Verdier,
assez courts, mais qui suffisent pour apprécier sa manière.
Le premier est un Discours contre ceux qui annonçaient la
fin du monde par une certaine conjonction des planètes ( i ) .

  ( i ) Dans G. Chapuis, les Monda célestes, Lyon, 1583.