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480 ARCHÉOLOGIE. nous semble point fait pour une entreprise aussi méritoire et aussi laborieuse. Élevée à quelques lieues de Lyon par une princesse célèbre à la fois par ses malheurs et la fermeté de son caractère, autant que par l'influence qu'elle exerça sur les événements politiques de son temps, Marguerite d'Autriche , l'église de Brou est, comme chacun sait, une merveille d'architecture de transition. Trait d'union entre deux époques d'art également grandes, l'art ogival et la Renaissance, elle emprunte, à l'une, ses formes architectoniques, à l'autre, une ornementation dont les détails attestent la puissante influence de l'école nouvelle qui surgit en Italie vers le milieu du xve siècle, et s'affirma en France par des ouvrages qui feront toujours l'admiration de la postérité. A la richesse des matériaux et au luxe de leur mise en œuvre, on voit que la fondatrice de Brou , en véritable grande dame, oncques ne marchanda le prix des embellissements de toute sorte semés à profusion dans le monument consacré par elle à la mé- moire de Philibert-le-Beau, son époux bien-aimé, mort à la fleur de l'âge. Jamais époux ne fut plus royalement pleuré. D'après le calcul du,P. Rousselet, colligé sur la dépense journalière qui se faisait dans le bâtiment, 220,000 écus d'or, soit près de huit millions de francs en monnaie actuelle, ont été employés à l'érec- tion de cette magnifique élégie de pierre. Et dans cette somme, considérable pour le temps, n'est pas comprise la dotation du couvent annexé à l'église, qui fut de 1,200 florins de rente, envi- ron 12,000 francs. C'était assez pour immortaliser la douleur et le souvenir dé l'inconsolable veuve ! Commencée en 1811, l'église fut achevée vingt-cinq ans après, en 1S36. Plus de quatre cents ouvriers y travaillèrent, tant fran- çais, que flamands, allemands ou italiens. Ainsi que la plupart de nos monuments historiques les plus remarquables, l'église de Brou possède sa monographie. Ce beau travail, qui parut en 1842, sous la direction de deux hommes de science et de talent, MM. Didron et Dupasquier, renferme dans sa partie graphique presque toute l'architecture du célèbre édi- fice, ses verrières, ses tombeaux et ses stalles.