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274 COLONGES AU MONT-D'OR. temps un grand mur de pisé au lieu de leur berceau d'aubépines, se retirent à la hâte et cherchent d'autres séjours ; de là , moins de chants, moins de vie et moins de charme. Dans cinquante ans, Colonges pourra devenir un bourg respectable, mais ce ne sera plus le beau Colonges de 1830, orné de vieux arbres séculai- res, de chemins gracieux, de sentiers déserts où, jeune, nous al- lions cueillir des pervenches, prendre des lézards verts et cher- cher des nids ! ! ! Ainsi le veut l'égoïsme personnel et le désir d'être chez soi, on s'entoure de murs, on détruit les beautés de la nature, ouvrage du temps, pour tenter de l'imiter mesquine- ment entre quatre murs, à grand renfort d'arbres étrangers et de jardins tracés au cordeau. Le platane remplace le noyer, et les vernis du Japon l'emportent sur les gros cerisiers si blancs en avril et si rouges en juin 1 Le haut de Colonges garde encore son aspect rustique, on y voit des haies verdoyantes et ses vignes montrent en mars les mille nuances de ses pêchers en fleurs. On peut chanter Colonges au point de vue champêtre, mais on n'en peut guère faire l'histoire, car il.n'en a pas ou presque pas, l'heureux village ! Ses seigneurs, les Abbés de l'Ile-Barbe leur ont été doux, aucun baron pillard et brutal n'est venu détruire ses moissons ni enlever ses filles. Néanmoins, en étu- diant avec soin les différents lieux de cette commune, nous sommes arrivé, après de persévérantes recherches, à reconstituer son passé et celui de ses enfants. L'on verra dans cet opus- cule combien de vieilles familles ont arrosé de leur sueur le sol de la commune et parcouru de générations en générations ses divers chemins, jadis étroits, où l'on ne passait qu'à dos d'âne, tandis qu'aujourd'hui grandes voitures et chevaux se montrent partout. Oui, il est bon, il est salutaire de se reporter par la pensée à ces vieux ancêtres qui, depuis plus de cinq cents ans bien prouvés, ont cultivé le sol et subi toutes les vicissitudes de notre histoire lyonnaise, invasions, famines et pestes. Il est bon, il est salutaire de songer à la vieille église et à son cimetière, dont la terre, réduite à l'état de poussière, contient dans chaque grain des molécules décomposées de ceux qui nous ont précédés.