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240 CONSTANCE DATMER. LETTRE XXXI. De sœur Saint-Etienne à Mathieu Servolet. Chambéry, 18 janvier 1867. Mon cher frère, Je n'ai pas eu le courage de t'annoncer la mort de notre sœur. Le douloureux intérêt que tu portes à tout ce qui a rapport à elle nie fait maintenant un devoir de raconter sa vie d'un an et sa fin. Telle est du reste sa volonté. C'est son dernier témoignage d'affection pour notre famille. Rien de particulier ne s'es,t présenté durant la partie de cette année qu'elle a passée au château de Mme Mallevall Son roman débute au jour de l'an . L e jour même où elle écrivit un refus à la demande que nous adressions pour toi, elle reneontca Isidore Lollier, qui s'était glissé, je ne sais comment, dans une réunion de filles. On tira les rois; il eut la fève et la fit accepter à Constance. Il naqnit ainsi entre eux une particularité, que Lol- lier développa avec une habileté infernale. Constance trouve cet homme très-beau. Il ressemble au porfrait qu'elle vous en a fait. Est-ce la beauté ? Je l'ignore. Il m'a bien déplu. C'est un char- latan, qui a dupé habilement la pauvre fille. II a fa;t sonner bien hmt à ses oreilles une fortune qui n'exista jamais que dans le mirage de ses lettres très-bien «erites et de ses paroles mielleu- ses. Constance crut à une faveur du ciel. Isidore était pour elle un parti inespéré. Elle ne rougissait pas, toutefois, de lui don- ner sa main ; parce qu'une femme habile et gracieuse pouvait faire la fortune du magasin que Lollier se disait en état d'ou- vrir. Peu à peu, ses vanteries s'amoindrirent. Il fut sur le point d'enjôler une jeune faiseuse de fleurs, M11" Pomard, qui aurait pu leur apporter une dizaine de niil.'e francs, mais qui flaira le piège. Restait le mariage. Lollier le différait toujours, faute de pouvoir trouver le lieu de sa naissance et retirer son acte, qu'en 24 heu- res nous avons eu ici au Iribuaal de Chambéry. Il avait fait pré- parer un appartement. Constance, se trouvant sur le pave, se