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214 CONSTANCE DAVMER. m'accorder une heure- pour venir essuyer les plâtres chez Mme Malleval, je te serai reconnaissante. Ton amie pour lame : CONSTANCE. LETTRE IX. De Constance Daymer h Mad. Servolet. Du 20 mai, à la Noioiie. Ma chère maman, Excusez-moi de ne pas vous avoir écrit plus tôt. L'ouvrage avant tout. J'ai fait un bien bon voyage. J'étais bien triste dans la voiture, en vous-quittant. Puis, le mouvement des voyageurs sur le bateau m'a divertie et je suis arrivée d'assez bonne hu- meur ici, où Mme Malleval [m'a fait boa accueil. Je suis très- bien dans sa maison, sous le rapport du logement, de la nour- riture, du vêtement. Quoique nous soyons à la campagne, où. madame s'installe toujours au mois de mai, les chambres sont belles et la nourriture bien soignée. Madame veut aussi que je sois bien mise, pour m'habltuer tout de suite à la façon dont je de- vrai paraître à Lyon, où, l'hiver, elle reçoit beaucoup. Quant au service en lui-même, ce n'est pas tout roses. Vous m'avez si bien choyée chez vous et toujours traitée si doucement, que j'ai plus à faire pour m'habituer à servir chez les autres. Il y a bien des petites choses auxquelles j'ai du dégoût, quoique je ne fasse pas le gros ouvrage. C'est surtout aux observations que j'ai peine à me rendre. Je crois que madame les fait sans passion ; mais, sous ce fer chaud de la servitude qu'on m'applique sur les épaules, je sens toute ma persoune frémir. Ne vous effrayez pas de ce que je vous dis-là , peut-être trop sincèrement. J'avais be- soin, comme on dit, de manger ..de la vache enragée : cela me fera du bien et j'en serai plus heureuse par la suite. Je vous parlerais davantage de la campagne de Mme Mallevai, si je ne pensais que cela ne ressemble pas du tout aux campa- gnes de chez vous, où l'on donne tout à la culture. Adieu, maman, embrassez bien Ursule pour moi. Votre dévouée fille : CONSTANCE.