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 332                 LES PATRONS DU SIIUUS.

 murmure de l'onde , comme un vaillant travailleur dont la
 tâche est finie.


   Dans tout bateau en marche, quelques figures attirent
d'abord l'attention du spectateur. C'est, en premier lieu,
debout sur le tambour des rouesr un homme de haute stature,
aux larges épaules, aux traits vigoureusement accusés, velu
d'un large pantalon de velours et d'une ample veste brune,
coiffé d'un vieux feutre ou d'une casquette de loutre , avec
un mouchoir de couleur noué en fichu. Puis, sur la plate-
forme qui couronne l'arrière, quatre ou cinq mariniers ma-
nœuvrant un immense levier recourbé en demi-accolade.
L'homme du tambour correspond avec ce groupe par des
cris et des gestes étranges : c'est le premier patron. Il dési-
gne les mouvements qui doivent être exécutés, aux hommes
du levier commandés par le second patron ; ce levier n'est
autre chose que le moteur du gouvernail : la barre.
   Diriger à travers mille obstacles une masse de 1^0 mètres
 de long (deux fois la dimension d'une frégate de guerre, s'il
 vousplait !...) n'est point chose facils. Les roches, les bancs
de gravier, les passes élroiles des basses eaux, le lit changeant
du talweg, le fond de la rivière enfin doit être comme visible
pour le patron. La navigation maritime est plus dangereuse
sans doute •, mare on a l'espace. La navigationfluvialeest plus
délicate,plus subtile, disent les gens du métier. Aussi n'est-ce
point par esprit de routine qu'ils refusent le gouvernail à roue
en usage sur les vaisseaux. Un pilote à la roue, c'estun cocher
qui conduit un attelage du haut de son siège ; un pilote à la
barre sent son bateau ; c'est un cavalier lié à sa monture des
jambes et des mains.


  Connaissez-vous beaucoup d'honnêtes gens? J'entends