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MOUVEMENT PHILOSOPHIQUE KN A1U.EMAGNE. 207 que à tout ce monde des idées dans lequel il ne saurait y avoir de certitude; la seconde, c'est le règne de l'in- dividualisme. L'esprit, affranchi de toute règle absolue supérieure à son propre entendement, devient un souve- rain sans contrôle dans son domaine, mais dans un domaine qui ne dépasse pas les limites de l'âme. La cri- tique historique exagérée de l'Allemagne est fille du système de Kant. Qu'importe la tradition ? Le fait n'a de valeur qu'autant qu'il est admis par l'esprit, La con- ception individuelle brave l'affirmation des siècles. Mais le système de Kant est sec, aride, bien que puis- sant, et les Allemands sont mystiques. Leur âme, pleine du sentiment de la nature, aspire à se confondre, à se perdre dans le monde extérieur, Unir au nom du senti- ment l'homme et la nature, telle sera l'œuvre de Fichte et de Schelling. Fichte est bien au début de sa doctrine le disciple de Kant. Pour lui, la seule activité réelle, la seule force vive, c'est le moi, cette âme dont la psychologie de Kant a voulu sonder les profondeurs les plus intimes. Tout est dans le moi, môme la science, qu'il ne s'agit pas d'y faire entrer, mais d'y découvrir. Les esprits isolés et la nature entière ne sont eux-mêmes que le reflet de l'âme universelle. Schelling, développant cette doctrine, comprit Dieu comme l'identité de l'esprit et de la nature. Tout est dans cette identité; rien n'existe en dehors d'elle. Monades intelligentes et aimantes, parcelles du Dieu infini détachées dans l'espace et le temps, nos âmes n'ont d'autre but que de se dégager de leur forme périssable pour aller se perdre dans cet Océan, comme les sources et les fleuves, qui de même