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202 MOUVEMENT PHILOSOPHIQUE EN ALLEMAGNE. grath, d'Hoffmann von Follersleben, d'Anastasius Grùn, d'Herwegh. Comme il arrive souvent, ce fut un auteur assez médiocre qui donna son nom au parti. Wienbarg, en dédiant à la jeune Allemagne un livre intitulé jBataiï- les esthétiques, inventa celle dénomination qui devait de- venir le signe de ralliement d'une nombreuse école. Dans ce livre, il soutenait hardiment que le beau n'a rien d'absolu; qu'il n'est autre chose que l'expression la plus fidèle et la plus forte des idées d'un peuple ou d'un siè- cle. C'était une doctrine assez voisine de ceiie de nos réalistes modernes ; c'était surtout la guerre ouverte- ment déclarée à cet idéal tant chanté par les poètes romantiques. Le Journal du monde élégant, fondé en 1833 par Henri Laube, servit d'organe à ce parti, et un litté- rateur remarquable, Gutzkow, mit à son service ses éminentes facultés critiques. Il n'appartient pas au plan de ce cours de suivre celte école jusque dans les dernières conséquences de ses doctrines, conséquences que les orages de 1848 ont sur- tout mises au jour. Mais les débuis de ce mouvement appartiennent au siècle classique ; c'est aux premières • attaques de cette jeunesse impétueuse et sans règle que Goethe fait allusion dans la fameuse scène du bachelier. Quelles sont les forces dont cette génération nouvelle se servit pour battre en brèche le passé? Pour répondre è cette question, nous devons nécessairement parler de la critique et de la philosophie allemandes. Nous ne prétendons pas ici juger complètement l'école critique, et encore moins jeter un biâme général sur ses travaux qui font l'honneur, non-seulement de l'Allema- gne, mais de l'espi il humain. La studieuse Allemagne