page suivante »
UNE FABRIQUE DE FAÃENCE A LYON. 315 que apportée par cette émigration italienne si habile, si avan- cée dans la science de la circulation des richesses (1); toutes ces causes réunies avaient donné à Lyon le mouvement, l'a- nimation, l'aspect de ces grandes cités commerçantes et i n - dustrielles de l'Italie du XVI e siècle, La poésie y avait pour interprètes une pléiade de femmes ; Marol, Rabelais, Bona- venlure des Périers y faisaient de longs séjours ; les mys- tères y avaient leur théâtre; les rimes toscanes mises en mu- sique se chantaient devant le roi Hcnrî II et sa cour sur une scène dont la décoration tenait de la féerie. Lyon était comme une autre Florence, ou, pour mieux dire, l'Italie l'avait faite sienne, elle t'avait faite à son image. Chaque ville d'Italie y avait son quartier favori, ses églises de prédilection, qu'elle embellissait avec amour : aux Florentins l'église des Frères- Prôcheurs; aux Génois l'église des Carmes; à ceux de Luc- ques celle (le l'Observance. Dans celte ville ouverte à tous les arts, où le luxe s'alimentait du va-et-vient des richesses de l'Europe et de l'Orient, quand l'Ilalie nous prêtait chaque jour ses plus grands artistes, comment Faenza, Pesaro, Gubbio, Gênes, n'auraient-elles pas envoyé leurs meilleurs ouvriers, ne fût-ce que. pour décorer les nombreuses de- meures que s'y étaient bâties tout ces Italiens enrichis par le négoce, tous ces rois de la finance? Tout les y appelait: n'avaient-ils pas là sous la main, pour l'ornementation de leurs vases et de leurs services de table, ces dessinateurs ha- biles cl exercés qui déjà avaient assuré h la fabrication, des soieries lyonnaises celle supériorité qu'elle n'a plus perdue depuis? La charte que nous avons retrouvée ne fait donc que confirmer ce que devait faire pressentir le grand essor des (1) Da Lione si trac infinita utilita per essere citta richissima, mercantesca, dove si fanno cambii pep tutta cristianita. (Docu- ments inédits, Relations des ambassadeurs vénitiens, 1.1, p. 3G7.)