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548 LES PATRONS DU S1RIUS. — Bien; mais cherche tout à fait au fond du dernier tiroir. Marguerite poussa un cri. Il y avait là douze billets de 100 francs..^, ce qu'elle avait envoyé à son père. — Comment, père, vous manquiez de tout, et vous n'avez pas louché à cet argent... Pourquoi donc, père ? c'est très- mal ! — Donne toujours. Maître Lambert palpa longuement les billets. Jamais il n'avait eu une somme aussi forte cnlre les mains. — Et dire, fit-il, en souriant, que si le feu prenait à ces chiffons de papier !... — Mon Dieu , oui ! interrompit Marguerite, visiblement troublée. 11 faudra les placer chez un banquier, et changer contre de l'or ce que nous garderons. — C'est inutile, dit maître Lambert. Et il jeta les billets dans le feu — Voilà le prix de notre honneur, que tu as vendu, dit-il froidement. Fille... je sais tout! Marguerite tomba anéantie aux pieds de son père, comme la Madeleine aux pieds du Christ .-. — Allons, dit le vieillard, vois que mes hardes soient en étal. Si nous voulons manger demain, il faut que je sois au chantier a\ant le jour Absurde ou sublime, comme il vous plaira , ce sacrifice porta ses fruits. Régénérée par le pardon paternel, Margue- rite se mit vaillamment au travail. Lambert fut engagé comme pilote sur an petit bateau qui faisait le service de la banlieue. On eut au moins le nécessaire. L'amertume des souvenirs s'a- doucit peu à peu. Et, comme un rayon de soleil qui perce les brumes d'automne, un reflet de bonheur éclaira doucement la pauvre 'habitation. Unsoirque le père et la fille devisaient près de ce même fo-