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LITTÉRATURE. iOB sont pas près de s'arrêter. Vous entendez bien, Messieurs, queje parle seulement des forces intellectuelles, de la desti- née littéraire. Le reste n'est pas du domaine de l'ensei- gnement dont je suis chargé auprès de vous. J'aurais d'ailleurs trop à dire si je voulais comparer nos sociétés modernes, quelque imparfaites qu'elles soient encore, avec ce monde antique fondé sur le polythéisme et l'es- clavage. Mais nous resterons dans les limites qui nous sont tracées par le litre même de cette chaire ; je ne vous parlerai que de littérature. Là encore il me sera facile de vous montrer que ceux des modernes qui ont imité avec succès les anciens, ne les ont point imités servilement. La fécondité du génie humain se refuse à jeter ses œuvres nouvelles dans des moules usés; et lors même qu'il sem- ble conserver le plus fidèlement la forme extérieure d'un genre littéraire, il verse dans l'amphore antique le vin généreux et fumant de l'esprit nouveau. Ceux de mes collègues qui vous enseignent avec tant d'éclat la littéra- ture française et les littératures étrangères, vous ont souvent fait toucher du doigt cette vérité en vous mon- trant, par exemple, comment Dante et Tasse ont imité Virgile, comment Racine a transformé les personnages d'Euripide, comment Goethe s'est inspiré d'Homère. Ils me' permettront, car c'est une nécessité de mon sujet, de reprendre quelquefois en sens inverse la même compa- raison. Qui oserait dire que de pareilles imitations soient des copies? Qui ne voit que ce sont de vraies créations et des plus glorieuses ? Mais insister serait tomber dans le lieu commun. Je me résume en vous montrant deux excès opposés : d'un cô-té , le dédain systématique, qui vient en général de l'ignorance ; de l'autre, une admira-