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                    DU CHATEAU DE VAREY.                      71

 menace de fixer la victoire. Il délibère s'il attendra le gros
 des Savoisiens dont les escadrons se précipitent du fond de
 la plaine, ou s'il renversera seul ce rempart vivant au milieu
duquel trône le Dauphin ; les cris des Bourguignons l'en-
couragent, sa propre vaillance l'y porte ; le désir de se faire
un nom immortel le décide; il prend du champ, s'assure sur
ses élriers et se prépare à ouvrir une brèche au milieu du su-
perbe et belliqueux carré.
    Qu'il entre, les Bourguignons sont sur ses pas et l'armée
des Dauphinois est détruite.
    Son héroïque résolution est comprise. Ce guerrier gigan-
tesque, ce coursier plus haut que les plus grands coursiers,
cette armure que les coups ne peuvent fausser, ce bras invin-
cible qui renverse les plus hardis, vont triompher de la dis-
cipline des Dauphinois. Le seigneur des Baux fait signe au
Grand-Chanoine ; tous deux se portent a la rencontre de
leur terrible ennemi.
    Ils s'élancent en même temps et l'armée attentive s'arrête
pour les contempler. Le Brabançon a vu leur fière conte-
nance et il attend leur choc. Il sait que rien ne pourra l'é-
branler de sa selle où il repose comme une tour sur un rem-
part ; ils viennent de deux côtés différents, mais peu lui im-
porte. Fier de vaincre sous les yeux de si illustres combattants,
il choisit pour premier adversaire le seigneur des Baux qui
lui paraît d'un plus haut rang.
   Pendant que le Dauphinois menace la poitrine et que sa
lance impuissante se brise sur la pesante cuirasse, le Gascon
roule dans son cœur une trahison et, sans s'arrêter au déshon-
neur qui en rejaillira sur lui aux yeux des deux armées, il
exécute son perfide projet. Par une forfaiture honteuse et
digne d'un chef de pillards, il fait une feinte et au lieu de
frapper l'homme suivant les lois de la guerre et de l'honneur,
il enfonces» lance dans lesflancsdu cheval qui se dresse, se