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                       CHRONIQUE LOCALE.



   Rien d'important au Moniteur.
   — Rome , pour le moment, ne craint plus de tomber entre les mains de
son puissant ennemi. L'orage souffle d'un autre côté. Malgré les bruits de
guerre qui se font entendre autour d'elle, on dirait que le danger s'éloigne.
On sait quels événements sa chute pourrait entraîner. Ce serait le cas de
répéter la parole célèbre : Finis Poloniœ.
   Au milieu de ces troubles et de ces appréhensions, Florence respire ,
Milan cherche à rétablir son commerce, Lorctte, qui avait tremblé pour ses
trésors, commence à se rassurer, Trente a rouvert, dit-on, son Académie;
Alexandrie plus prudente, au lieu de désarmer, répare ses fortifications.
   D'un autre côté, Pétersbourg est sous la pression du pouvoir mili-
taire-, Francfort a fermé ses comptoirs; Londres met ses marchandises en
sûreté; Chester néglige son commerce de prédilection ; Richmond pousse à
la résistance ; York et Oxford ont interrompu leurs travaux intellectuels.
Leurs habitants si paisibles naguère, ne rêvent plus que combats.
   Memphis elle-même sort de sa torpeur ; Athènes, Corinthe et Sparte
organisent leurs arsenaux et ne veulent pas être prises au dépourvu. On
comprend l'altitude de ces villes guerrières ; il est des noms qui obligent.
Un homme qui s'appellerait Hercule ne pourrait vivre en damoiseau ; il
est impossible de s'imaginer un zouave peureux comme un lièvre et lâchant
pied au premier coup de feu.
   On ne sait s'il y aura une fête à Berne, cette année ; il n'y en aura
pas à Vevey.
   Si la guerre se rallume au printemps, nous craignons un redouble-
ment de calamités pour Troyes et pour Montpellier. Quanta Mâcon, nous
ne conservons plus l'espoir de la sauver. L'Europe a tremblé naguère pour
elle ; il ne parait pas qu'elle puisse échapper aux périls qui la menacent ;
l'ennemi est à ses portes, la famine est dans son sein. A quelque parti
qu'on appartienne, il est permis de plaindre la malheureuse cité.
   On voit avec quel intérêt la Revue suit les péripéties de la guerre d'Amé-
rique. Qu'on lui pardonne cette excursion dans le Nouveau Monde , elle
revient à tirc-d'aile dans l'ancien, et se réfugie bien vite, de crainte d'acci-
dent, dans les murs de son vieux Lyon, où cependant ne règne pas la paix
la plus profonde.
   Ici, en effet, nous entendons la voix éloquente des avocats discutant cette
affaire Bravay qui a eu tant de retentissement et jjiii s'esl terminée à
l'avantage du célèbre et zélé défenseur des intérêts français en Egypte ; là
les hommes d'affaires et les huissiers saisissent uu chemin de fer, mettent
les rail-way en fourrière et apposent les scellés sur la vapeur ; plus loin
des artistes, des écrivains, des amateurs s'échauffent autour d'un tableau
et crient :-«• « C'est une croûte indigne de la ville qui ne doit pas l'ache-
ter ! » — ou : « C'est un chef-d'œuvre qui sera l'ornement de nos Mu-
sées J C'est la Fuchsine, ce sont les Mouches, les Abeilles, les Guêpes, les Hip-
pophages, les héritiers Plcney ; c'est la guerre autour d u tombeau du ma-
réchal Castellânê, magnifique morceau d'architecture, suivant les uns, dé-