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                   LYON AIT SIÈCF.E DERNIER.                 247

risible, que bien des gens, pour ce seul plaisir, s'en font un
véritable de passer et de repasser de l'autre côté de l'eau. Dés
qu'on appelle une de ces batelières, il s'en présente plus de
vingt, et souvent môme elles viennent offrir leur ministère aux
passants, et leur disent, pour se faire accepter, tantôt des dou-
ceurs et tantôt des injures. Ce qui fait toujours rire. Il se
forme ordinairement un combat sur la préférence, après
quoi la victorieuse s'éloigne du bord à force de rames avec sa
proie, et Ton en est quitte pour essuyer quelques huées de
celles qui la voient s'éloigner avec des yeux d'envie—»
   Lyon, tel que l'a transformé M. le sénateur Vaïsse , ne
ressemble plus au Lyon de nos pères, qui avait ses prétentions
et sans doute des droits à l'estime, car on vante de bonne foi,
dans les vieux livres, tout ce que nous avons cru devoir régé-
nérer. Il est certain qu'un Lyonnais de 1730 nous accuserait
d'avoir gâté la place des Terreaux, qui était alors le modèle du
genre. Si en 1864, nos dames fréquentent les cafés, les Pa-
risiennes auraient tort de s'imaginer qu'elles ont émancipé par
leur exemple le beau sexe de Lyon. Il n'y a rien de nouveau
sous le soleil ; en voici la preuve incontestable :
   On lit dans les mémoires cités plus haut: « La maison de
ville est bâtie sur la place des Terreaux et en fait un des plus
beaux ornements. Le couvent des dames de Saint-Pierre, ce-
lui des carmes et d'autres belles maisons forment le reste du
carré, où le beau monde de ce quartier-là se promène
ordinairement les soirs, et l'on y trouve de quoi se rafraîchir
dans une infinité de petites boutiques très propres et très
bien éclairées où l'on vend des liqueurs et des eaux glacées de
toutes sortes. Toutes les personnes de l'un et l'autre sexe y
entrent sans façon ; les messieurs y peuvent même régaler
les dames sans que cela tire à conséquence. Les plus rigides
n'en font pas de scrupule. On ne sçaitici ce que c'est que
gens de qualité, et excepté chez les comtes de Saint-Jean et