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                        ORIGINES DE LUGDUNUM                             37

  Dans cette obligation, rencontrer sur un ex-voto leur dénomina-
  tion primitive et véritable à peine altérée est, je crois, une bonne
  fortune pour un antiquaire.
     Etranger aux idiomes grec et latin, mais compris des Panno-
  niens, Thraces mélangés de Germains et de Gaulois , ce nom
  s'annonce comme un mot tudesqueet celtique. En effet, Aufanœ,
  Aufanes, Afliœ(î), variantes données par divers monuments ont
  pour radical : isl. alf; angl.—sax. alf; germ. alb, alp, elb; ers.
  elf, elv, elva, être supérieur à l'homme, inférieur au dieu, génie,
  fée, alfe. Aflia, métathèse pour alfia, aufana, aufanis sont des
  féminins; mais Aufana, Aufanis répondent à l'alfen, elfen des
  Goths et des Deutsches, à YAlfane, cette jument-fée, si célèbre
  pour ses prouesses dans les cycles chevaleresques, et par une
  bévue de Ménage dans les fastes étymologiques.
     Comme les fées du moyen-âge, dont ils sont la souche princi-
  pale, les Alfes sont partagés en bons et en méchants. Ceux-ci ne
  nous regardent en aucune manière : les épithètes matronce et
 maires assignent à nos Aufanee un caractère de protection active
 et bienveillante qui exclut toute idée défavorable.
    Les bons Alfes formaient dans les mythologies du Nord une
 sorte de hiérarchie sous les ordres d'un roi, le fameux Obéron.
 Cette classification, qui s'appliquait également aux mauvais Alfes,
 se réglait d'api es les lieux qu'ils habitaient. On distinguait les
 Muntâlfenne, Dunâlfenne, Feldâlfenne, Seâlfenne, Undâlfenne,
 rappelant les nymphes latines et les Oréades, Napées, Naïades et
Dryades grecques (2).
    Les Seâlfennes, les mêmes que les Nehae ou Nechs de laBatavie,
que les Meerweib-nixe des Niebelungen (3), avaient sous leur
garde les bassins des fontaines, les eaux des ruisseaux, des
fleuves et des golfes, sources de production et moyens de trans-
port. Aussi les honorait-on comme des déesses de l'abondance, de
la navigation et du commerce. Des corbeilles de fruits, des cornes

  (1) V., par exemple, le datif aufanibus dans la note (2), page première.
  (2) Cf. Crofton Crokcr, cité par M. A. Maury, Fées du Moyen-âge, p. 73.
  (3) Niebelungen, t. H, p . 128, trad. de Mme Morcau de la Meltiere.