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480 v PIE u. dément et sous la forme de conjecture. On voit qu'il n'est pas complètement sûr de lui-même, et ne croit qu'à demi ce que débitaient les voyageurs de l'époque,Cyriac d'Ancône, par exemple. Ce en quoi il est instructif, c'est l'exactitude avec laquelle il décrit les lieux connus, puis l'érudition avec laquelle il sait y rattacher soit les fables de la poésie, soit les événements de l'hisloire. Malheureusement cette cosmo- graphie, qui devait embrasser l'univers, ne dépasse point ce qu'on savait de l'Asie ; l'Afrique n'a point été abordée, le temps manquait. En revanche, nous avons la plus grande partie de l'Europe. Seulement cette portion du monde est géographiquement dé- crite d'une manière moins détaillée que l'Asie et l'élément historique qu'on y a ajouté se borne aux faits qui se sont succédés, depuis le commencement du règne de Frédéric III, jusqu'à l'année 1458. Ici iEnéas Sylvius a rempli à peu près le but qu'il s'était proposé de donner une histoire générale contemporaine. Quand on pense qu'il avait visité presque tous les lieux dont il parle, et qu'il ne raconte que des évé- nements accomplis, pour ainsi dire, sous ses yeux, on ne plus de 2000 ans, n'a reçu un commencement de solution que ces der- nières années. Le capitaine anglais Speke prétend avoir découvert, le 21 juillet 1862, que le Nil sort du lac africain Nyanza-Victoria, sous le 0°52' de latitude r.ord et le 30° 50' de longitude est. Je dis qu'il n'y a là qu'un commencement de solution, car le hardi explorateur n'a pas prouvé d'abord que le lac Nyanza soit la source mère du grand cours d'eau qui en sort ; puis, comme il n'a pu, à cause d'obstacles insurmontables, suivre toujours le cours d'eau jusqu'à Gondokoro, il n'a pas établi d'une manière péremp- toire que le fleuve qui coule à Gondokoro et sur lequel il s'est embarqué pour descendre à Khartoun est le même que celui qu'il a vu sortir du lac Nyanza, attendu que le cours d'eau qui coule à Gondokoro, d'après son propre témoignage, diffère, pour la couleur et le volume d'eau, de celui qu'il a vu sortir du lac Nyanza. (Voir la Rtvue des deux Mondes, 15 août 1864).