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ii           ÉTUDE SUIS LES GUERRES DE RELIGION.

 livrer un instant a la confiance et espérer que l'Etat ne se-
 rait pas déchiré. Apportait-il cependant devant cette assem-
 blée, dont il réclamait le concours, une solution aux diffi-
 cultés qui pesaient sur la France?
    C'est ici qu'il faut sonder'ces difficultés, telles qu'elles
éclatèrent à travers les déclarations des chefs de parti, les
doléances des représentants de la nation, les incertitudes et
les contradictions des dépositaires de l'autorité royale.
    C'est ici qu'il faut peser combien des deux côtés était
redoutable l'alternative posée à la France : la guerre ou la
paix avec l'hérésie.
    La guerre, inévitable si l'on refusait droit de cité à l'hé-
résie, ne pouvait manquer d'être terrible. Le chef des protes-
tants, l'amiral de Coligny, avait pris soin d'écarter a cet
égard toute illusion, Iorsqu'après avoir présenté a genoux
la requête de ses coreligionnaires au roi, pour obtenir la
liberté de leur culte, il avait ajouté que dans la seule pro-
vince de Normandie cinquante mille hommes étaient prêts à
la signer et la souteuir. Et cette guerre terrible a quoi ser-
virait-elle? Quel qu'en fût le succès, extirperait-elle la foi
nouvelle? L'expérience n'avait-elle pas déjà démontré l'in-
suffisance de la force a ramener les âmes égarées? Inutile
donc pour le triomphe de l'Eglise , la guerre ne serait-elle
pas ruineuse pour l'Etat? La France déchirée ne serait-elle
pas affaiblie? Devait-elle en tournant ses forces contre elle-
même se désarmer en face de l'Espagne, toujours mena-
çante et prête à profiter de nos désastres pour opprimer
l'Europe? Et à l'intérieur, la royauté s'engageant dans une
lutte intestine ne serait-elle pas à la fois ébranlée par le
parti qu'elle combattrait, dominée et asservie par le parti
dont elle épouserait la querelle? Le peuple enfin, en proie a
des discordes qui s'envenimeraient en se prolongeant, loin
de devenir plus religieux, ne deviendrait-il pas au contraire