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474 PIE n. Mais il faut avouer que si les événements sont désolants par le résultat, ils sont faits, par leur caractère dramatique, pour inspirer le talent d'un historien, et il est vrai de dire qu'iEnéas Sylvius les a narrés avec une grande supériorité. Déjà , dans les séances qui précédèrent sa rupture avec Eugène IV , l'assemblée avait oublié lamodération et la dignité, mais, une fois cette rupture consommée, elle ne garda plus aucune me- sure. Pour avoir une idée de la violence des passions qui s'y agitaient, il faudrait relire les comptes-rendus des séances de notre convention nationale. Moins l'émeute grondant au dehors, moins les canons braqués contre les portes de la salle, c'était à Bdle le môme tumulte, les mômes vociférations, les mêmes démentis renvoyés d'un banc à l'autre. Un jour, le dé- sordre devint si bruyant que l'historien, pour le peindre, a emprunté l'image d'une bataille : « Il s'éleva, dit-il , une clameur semblable à l'éclat des trompettes et au frémissement des chevaux, lorsque deux armées s'ébranlent pour en venir aux mains (1). » Toutes ces scènes sont rendues avec une vérité de couleurs, avec une vivacité de mouvement qui nous y font assister. Cependant, bien que l'historien applaudisse aux actes de l'assemblée, il ne se fait aucune illusion sur le caractère de certains de ses membres, hommes très—habiles, d'ailleurs, lesquels obéissaient, non à leur conviction personnelle, mais bien aux vues intéressées de leurs souverains, et il ne leur épargne pas les très malins. iEnôas Sylvius ne pense point qu'il soit permis de se montrer autre que soi môme. Aussi, le cardinal d'Arles est-il visiblement son héros. Cet homme singulier, que nous appellerions aujourd'hui une mauvaise (1) Quo verbo tan tus exortus est clamor, quantus solet in preeliis tuba- rum clangor, et equorum fremitus, cum signis eollatis, duo invicem con- currunt exercitus (Commeniarii, iib 1.).