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418                     BABIL LITTÉRAIRE.

religion, d'économie politique, etc., etc. Enfin, comme
pour écraser tout à fait la librairie , les revues parisiennes
sont arrivées pour offrir un refuge à tous ceux qui seraient
encore tentés de faire des livres. La, les jeunes auteurs sont
payés à tant la feuille d'impression, et, réunis dans un seul
et môme volume, ils peuvent espérer un intérêt collectif, qu'ils
auraient sollicité en vain comme individus isolés ; en sorte
qu'au lieu d'éditer un livre qui aurait passé inaperçu et n'au-
rait ajouté qu'à leur dépense, et rien à leur réputation, ils se
montrent dans ces revues protégés par le nom de leurs fon -
dateurs, et se tirant ainsi de l'obscurité.
   Hélas ! on le voit, ces malheureux livres doivent peu a
peu et toujours plus disparaître. Puis, je ne sais, au lieu de
lutter contre un ordre de choses qui leur est si funeste, en
se parant d'un mérite plus vrai, en nous offrant de grandes
idées philosophiques ou les produits d'une imagination fé-
conde et variée , il semblerait que les livres aujourd'hui ne
sont que l'analyse ou l'explication de ceux qui parurent
anciennement. Leurs auteurs exhument de vieux bouquins,
édités par nos ancêtres , tout ce qu'ils croient que nous en
avons oublié, et sans contester la source où ils puisent, ils se
contenlent de la rendre plus claire et de la rafraîchir.
    Le dix-neuvième siècle sera, ainsi qu'on Fa dit, le siècle
du papier, ou plutôt, ainsi que je cherche ici à le démontrer,
le siècle des papiers ; car il n'est pas une seule des réputations
littéraires ou politiques qui s'y sont faites qui n'ait pris nais-
sance dans les journaux ; qui n'en ait besoin pour se mainte-
nir, et qui n'y ait recours pour s'accroître.
    Un seul journal, le Times , se lire à soixante-dix mille
exemplaires par jour , et le renchérissement des chiffons de
linge lui coûte trois cent mille francs de plus par année. Aussi
vient-il d'offrir une prime de vingt-cinq mille francs à celui
qui découvrirait une matière propre à remplacer les chiffons.