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     LES PATRONS DU SIRIUS.




   Il y a vingt-cinq ans que l'on ne voyage plus, en France :
on part et l'on arrive; voilà tout. A.l'époque dont nous par-
lons, Lyon n'était pas seulement la plus grande station de la
ligne Paris-Marseille ; Lyon était le centre d'un double et
vaste système de circulation. Cent voitures soulevaient, à trois
lieues par heure, la poussière des routes du nord et de l'ouest.
Les Talabot, les Bonnardel lançaient sur le Rhône soixante
pyroscaphes géants. La Saône avait aussi ses bateaux, plus
légers et plus sveltes. On lisait sur une façade des Terreaux
cette miraculeuse inscription en immenses lettres routes :
        De Lyon à, Paris en48 heures!
c'était le nec plus ultra.de la vitesse.
   Le fils enrichi de Guignol prend aujourd'hui le chocolat
chez Casati et va dîner chez Véfour. Chemin faisant il se
plaint que ça ne marche pas
   La vieille diligence n'est point à regretter. On y était gêné,
serré, mal assis, étouffé ou gelé selon la saison, sans compter
la chance effrayante d'avoir pour voisine une nourrice et
pour vis-à-vis un commis-voyageur à calembourgs. Les wa-
gons de seconde et de troisième offrent bien quelques in-
convénients; on peut du moins changer de compartiment et
faire un choix parmi ces petites misères :e'est une consolation.
   Mais je ne saurais voir les rares bateaux à vapeur qui por-
tent au rabais vers le midi quelques pauvres gens et quel-
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