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472 PIE il. Sylvius avait paru b ce concile fameux, à la suite du cardinal Gapranica qui se l'était attaché en qualité de secrétaire. Ses talents ne tardèrent pas à s'y faire jour. L'assemblée le prit en grande estime (1). Il en devint, si l'on peut s'exprimer ainsi, l'enfant gâté, Tout'laïque qu'il était, il fut fait secrétaire syno- dal, abrêviateur des lettres apostoliques, président de la dépu- taliondile de la foi, membre de la commission delà collation des bénéfices. Plus d'une fois, il prit une part active aux débats qui passionnaient l'assemblée, et étonna ses auditeurs par une éloquence jusque là inconnue , cette éloquence improvisée qui jaillit de l'émotion des circonstances et brille au milieu d'une discussion comme l'éclair au milieu de l'orage. Puis comme il possédait l'art de manier les esprits aussi bien que celui de faire de beaux discours, on le chargea de plusieurs missions importantes, en Ecosse, à Strasbourg, à Trente, à Constance, en Savoie et auprès de l'empereur Albert (2). Le Concile de Baie avait donc été, pour iEnéas Sylvius, le berceau de la fortune et un brillant théâtre. Toutefois, dans ses deux livres de commentaires, l'historien ne s'est point attaché à cette période du Concile qu'il pouvait avouera la gloire de l'Eglise et dont il avait à s'applaudir pour lui-mê- me, celte période où l'assemblée, plus ou moins d'accord avec son chef, fit quelques grandes choses ; il a choisi au contrai- re celle période odieuse où les Pères, comme frappés de ver- tige, s'efforcèrent de renverser Eugène IV, et lui opposèrent, un antipape, Félix V, Pourquoi cela ? on ne se risquerait point trop en affirmant que ce fut par prédilection ; parce que cette période, si remplie d'audace et d'orages, répondait à un système d'idées nouvelles qui étaient entrées fort avant dans son âme. iEnéas Sylvius, à l'exemple de bien d'autres (1) Basileœ quidem haberi in precio bb ingenium cœpit. (Campano.) (2) Platina in Pium II.