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PIE J. 473 . grands esprits du XVe siècle, des cardinaux Cesarini, Capra- nica et d'Arles, de Nicolas Tudeschi, du pronotaire Pontano, avait donné à plein dans les opinions qui, de Bâle , s'étaient répandues par toute la chrétienté, savoir : Qu'un concile général, canoniquement assemblé, fonctionne indépendam- ment du Pape, est supérieur au Pape , et peut ls déposer au besoin. Ce système, qui ne pouvait amener que le bouleverse- ment de l'économie chrétienne, avait la faveur du moment. La multitude y applaudissait comme â une conquête sur le pouvoir ; les Universités, si orgueilleuses et si influentes, le patronnaient comme un fruit sorti de leur sein ;* la politique des princes y voyait un moyen de s'affranchir du joug de la papauté, encore pesant bien qu'amoindri ; enfin , quelques sages abusés en espéraient la réforme des mœurs. La séduction n'était pas ce qui manquait à un tel système. A toutes les époques, dans l'Église comme dans l'Etat, les opi- nions ayant pour but l'abaissement du prince et l'élévation des - inférieurs, ont compté de nombreux et chaudspartisans.iEnéas Sylvius n'aurait pas été de son temps s'il n'avait pas suivi le courant de Bâle, s'il n'avaitpasété pourlesmaximesauxquelles tant de gens éclairés attachaient le salut de l'Eglise. Il nous !e dit lui-même : Quid ageremus ? audire potuimus, non dis- cere? Que pouvions nous faire? écouter et ne pas appren- dre (1)? Est-ce que le disciple ne doitpjs être tel que le maître? Il nous semble donc naturel que JEnèas Syivius, dans la disposition où il se trouvait, ait préféré la période du Concile où les idées, alors en vogue, parurent triompher un instant. Du reste, il écrivait son livre dans le moment et sur les lieux. On a droit de s'affliger quand on voit une assemblée, réunie pour affermir l'oeuvre de la pacification, tourner à la révolte. (1) Bulla retractationum.