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PIE II
.ENEAS SYLYIUS PICCOLOMINI
ÉCBIVAW.
Il est des hommes qui portent en eux-mêmes, dans leur génie
ou dans d'incomparables talents, leurs litres à la célébrité. Si
les grandes dignités leur arrivent, elles semblent avoir été faî-
tes pour eux, p<>ur servir de couronnement à leur mérite per-
sonnel, elles n'ajoutent rien à leur gloire. Hildebrand, par
exemple, occuperait la postérité, quand il n'aurait jamais été
Grégoire VII. Même il arrive parfois que, pour désigner le
Père de la Monarchie pontificale au moyen-âge, on laisse de
côté le nom du Pape pour ne citer que celui de l'Archidiacre
de l'égliseromaine, tant ce nom d'Hildebrand est indeutifié
avec l'histoire ! JEnim Slyvius compte au nombre de ces per-
sonnalités rares et puissantes qui se suffisent à elles-mêmes
pour jeter un grand éclat. Avant de devenir Pie II, il était
un des hommes les plus connus et les plus distingués de son
temps. Grand orateur, diplomate très-fin, savant humaniste,
écrivain goûté dans plusieurs genres à la fois ; aucun autre
nom ne faisait plus de bruit dans le monde que le sien. Exer-
cé à tous les emplois, mêlé à toutes les affaires, a tous les
événements de l'époque, secrétaire de grands hommes d'Etat,
secrétaire de concile, secrétaire de pape, d'empereur, repré-
sentant impérial aux Diètes, minisire plénipotentiaire, à plu-
sieurs reprises, obligé de parcourir l'Europe entière, i! avait