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468 PIE ii. puisé dans ces fonctions si importantes et si variées, dans ses voyages répétés, des connaissances, une étendue de vue, une expérience des personnes et des choses qui, jointes à de pro- fondes études et à une capacité naturelle des plus vastes, en faisaient un homme exceptionnel. Quand il gravit les mar- ches du trône pontical, on ne parlait que d'iEnéas Sylvius, sa popularité était au comble ; l'on peut dire que sa plus so- lide renommée était acquise. En retraçant le tableau delà papauté pendant le XVe siè- cle, je crois avoir mis suffisamment en lumière les faits de l'orateur, du diplomate et du pontife ; mais, entraîné par le courant de l'histoire, je n'ai pu qu'effleurer l'homme de lettres; qu'il me soit permis de combler cette lacune et de signaler la place de distinction qu'occupe ^Enéas Sylvius parmi les illustres écrivains d'une époque qui en a fourni un si grand nombre. Les goûts et les talents d'iEnéas Sylvius se développèrent de bonne heure. On raconte qu'étant obligé de se contenter d'instituteurs vulgaires dont les maigres leçons ne se trou- vaient au niveau ni de la capacité ni des besoins du jeune humaniste, celui-ci y suppléait, en étudiant chez lui des livres qu'il empruntait çà et là à ses amis. Son application à la lec- ture le passionnait au point qu'il prenait à peine le temps de manger et dedormir. Trois jours de la semaine il se passaitde souper pour ne pas interrompre son travail. Les jeûnes et les veilles lui étaient devenus si habituels qu'ils avaient cessé d'ê- tre une privation. Lematin, il se levait avant le jour, le soir, il attendait le sommeil dans son lit, un livre à la main. Cette fureur d'étudier au lit faillit lui être funeste. Une nuit, le sommeil l'ayant gagné, avant qu'il eût éteint sa lumière, le feu prit à son serre-tête, se communiqua aux draps et aux couvertures, et il aurait été infailliblement consumé lui-même si l'on ne tût piomplement venu à son secours, ce qui ne le