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334 • x PROMENADE. on l'a fait pour retrouver son magnifique théâtre de marbre multicolore, et celle de ses rues qui a été ressaisie, percer tout un ensemble de mines et de galeries souterraines dans celte lave durcie qui a pris la consistance du granit. Ce serait un gi- gantesque travail auquel devrait, comme pour la percée du Mont-Cenis, concourir une armée de mineurs et d'ingé- nieurs, sans parler des dépenses énormes qui en résulteraient. 11 y aurait un procédé plus grandiose et plus radical : ce serait de supprimer tout simplement et de rayer de la géogra- phie le grand et superbe village de Porlici, qui est littérale- ment superposé à l'Herculanum ensevelie. Au fait, à tout prendre, cent Portici, quelque beaux qu'ils soient, ne valent pas une Herculanum. En faisant table rase de Porlici, de ses maisons, desespa- lais, de ses villas, on taillerait ensuite à tranchée ouverte dans la croûte qui étreint et enveloppe la cité endormie, et on la réveillerait plus intacte encore et moins endommagée que Pompéï sa voisine. A en juger par le peu qu'on en con- naît, ce serait un miracle de résurrection, Herculanum serait le véritable Lazare de la civilisation romaine. On frémit, néanmoins, à la pensée des ressources pécuniaires qu'engloutirait l'exécution de ce projet cyclopéen. Il fau- drait pour ce plan, un Néron qui se donnât le plaisir de brû- ler Portici et, Dieu merci, il n'y a plus de despotes armés de pareilles fantaisies! Il est à croire que les indemnités pour expropriation n'existaient pas à Rome. Il n'en est pas moins vrai que si la Compagnie, dont nous nous plaisons à retracer l'évolution idéale, pouvait jamais appliquer ce remède hô- roïque^el magistère, ce serait un service incalculable rendu aux arts, à la science, à l'archéologie, à la littérature et à l'histoire ; car il est plus que probable qu'on remettrait la main sur la plupart des ouvrages de l'antiquité perdus pour les modernes. On comploterait ainsi Tacite, Ãite-Live. Sué-