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PROMENADE. 333 tone, Cicéron, et tant d'autres princes de la pensée; on en reconstituerait le texte a l'aide des patientes restitutions et des ingénieux procédés dont je serai appelé à dire un mot tout à l'heure, et qui ont été appliqués aux manuscrits dits d'Herculanum. Ces manuscrils n'ont, par malheur jusqu'à présent, comblé en littérature et en histoire aucune lacune importante, et n'ont fourni que des compilations et des pas- tiches de rhéteurs. Avant de quitter Naples et d'arriver par une transition quel- conque à un autre sujet, je ne puis résister au plaisir de citer une anecdote que j'ai, pour des raisons personnelles, le droit de croire véridique. Elle ajouterait, sous la plume d'Alexan- dre Dumas, un piquant chapitre aux impressions de son Corricolo, Il est midi. Un étranger se présente au superbe palais du marquis *** pour visiter sa remarquable galerie de tableaux et d'objets d'art. Après l'exhibition obligée du passeport, le suisse du palais fait gravir au visiteur les degrés de marbre qui le conduisent aux précieuses collections. Sur le seuil, un jeune et charmant cavalier de vingt-cinq à trente ans se trouve à point nommé pour souhaiter la bienvenue à l'hôte qui vient admirer ses trésors. Ce cavalier n'est autre que le marquis ***. Il se félicite hautement de la bonne fortune qui le fait trouver là par hasard et pousse l'urbanité jusqu'à se constituer son cicérone. L'étranger, pénétré de cet excès de courtoisie, se confond en actions de grâce, et parcourt, sous l'égide de son noble guide, les galeries somptueuses où s'é- talent les merveilles de la peinture, de là statuaire et de la céramique. Le visiteur est tout yeux et tout oreilles: il contem- ple, il écoule. Cet échange d'admiration et de bons procédés finit par établir entre le noble cicérone et l'étranger une sorte d'intimité éphémère pleine d'abandon, si bien que la visite, au lieu de se borner à la galerie artistique, s'étend jus-