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288 CHRONIQUE LOCALE. Camp, l'élargissement de la rue de la Barre, de la rue Ju Pérat, de la rue Lafont et dé la rue de la Platière , des cgouls et des fontaines pour la place Napoléon, le prolongement de la rue Saint-Pierre de Vaise, la dé- molition de la dernière maison qui étrangle la rue Tupin ; voyez comme un premier morceau met en appétit ! Si le plat n'était un peu cher, la Revue demanderait bien aussi quelque chose, oh ! tout simplement de conduire la rue Impériale à la place des Bernardines. Nous ne nous inquiétons pas du prix, mais quel beau complé- ment à notre principale artère ! quel couronnement à l'ensemble des tra- vaux faits depuis quelques années à Lyon ! Où est le temps où M. Se Préfet du Rhône, n'ayant que la nie Mercière pour aller aux Terreaux, passait par la rue Saint-Dominique et Bellecour pour gagner le quai du Rhône et se rendre à l'Hôtel-dc-Ville ! Saint-Côme était alors si encombré que les équipages ne s'y engageaient qu'à leur corps défendant et que les piélons rasaient les murs, l'œil aux aguets, le geste prompt, prèls à entrer dans une allée au premier hourvari qui se faisait auprès d'eux. En attendant que le printemps nous ramène les hirondelles el les ma- çons, Lyon danse, Lyon s'amuse, Lyon va au concert, Lyon applaudit avec frénésie Caston et Roland. Caston, Roland, noms célèbres; l'un preux chevalier, l'autre enchan- teur, magicien digne de la corde ou du fagot, tous deux remplissant la vaste salle de notre Grand-Théâtre et mettant la Direction dans la dou- loureuse position de rendre l'argent à ceux qui n'ont pu entrer. C'est triste, mais c'est ainsi. Roland est un sujet trop connu pour que la Revue y revienne. Tous les journaux ont raconté les échecs et les défaites de Mermet avant le jour de son triomphe ; nous applaudirons seulement à l'auteur qui a su faire une œuvre si éminemment française et qui a osé n'offrir au public que de grandes et généreuses pensées, sans mélange d'insulte pour personne, ni gens ni croyance ; sans absurdités comme dans les Huguenots où l'on ou- blie la mariée, à minuit, dans une église, Guillaume Tell où Mathilde chante au milieu des bois avec un paysan, les Diamants de la couronne où une reine d'Espagne fréquente assez mauvaise société ; sans dégradation de caractère Comme dans Robert-le-Diablc où le fougueux duc de Norman- die, le conquérant, l'homme de fer dont les exploits ont tant prêté à la légende, joue le rôle d'un misérable paltoquet entre sa bonne et son pré- cepteur. Dans l'opéra de Mermet, Roland, Turpi», les Francs tout est guerrier, tout est épique, tout est digne des belles époques de l'humanité. La pièce est montée avec un luxe inconnu en province et tout à fait en dehors des usages ordinaires. Les décors font honneur au pinceau habile de M. Devoir, la mise en scène est digue des soins qu'y a donnés M. Gus- tave d'Hérou , les costumes sont splendides, les artistes sont à la hauteur de leur tâche ; Roland, à Lyon, est un triomphe pour Mermet et un succès pour M. Raphaël-Félix. M. de Caston nous pardonnera si nous parlons peu de lui. 11 est trop connu pour que nous en disions du bien, trop redoutable pour que nous osions en penser le moindre mal. — L'Exposition des Amis-des-Arts est-à sa fin, celle des fleurs est ter- minée ; les concerts continuent ; c'est le 18 de ce mois qu'aura lieu la lète musicale annuelle que donne notre chef d'orchestre Luigini. Aux Célestins, pièces .nouvelles et grands succès. M. Schwartz, oculiste-opticien.... ah ! pardon ! mais , ceci n'est plus de la littérature ; nous nous arrêtons. A. V. AIMÉ VINGTRINIER,directeur-gérant.