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240 LE ROI DES CHEVRIÈRES. frères, le plus jeune, Jean-xMarie, à peine âgé de 23 ans, en- rôlé volontaire dans l'armée lyonnaise, périt fusillé après la prise de cette ville ; les deux autres étaient restés à Chevriè- res et partageaient avec leur frère aîné tous les dangers de son rôle. Cette petite troupe se grossit encore des déserteurs et ré- fractaires du département qui cherchaient un abri dans les montagnes et un asile dans les fermes dont les possesseurs étaient, ainsi qu'eux, ennemis de la République. Ce mouvement contre-révolutionnaire devai^ dans la pen- sée des chefs, se relier aux insurrections de Lyon et dt la Vendée ; mais l'attitude hostile que le Forez avait prise en- vers les recruteurs de la Roche-Négli, paralysa ce mouve- ment et i! resta dans notre pays un fait isolé ; néanmoins, les partisans de Chevrières restèrent organisés en secret. Croizier était connu dans toutes ces montagnes pour le chef de l'insurrection; monté sur un cheval, il connaissait les sentiers les plus secrets, les cabanes les mieux cachées dans la verdure; et souvent, à la fin du jour, à l'heure que le cul- tivateur se repose de ses fatigues, assis au carrefour du ha- meau ou attablé près de la fenêtre du cabaret, Croizier arri- vait à cheval, en criant : Vive le roi ! Ces paroles rencon- traient presque toujours de nombreux échos ; on échangeait une poignée de mains, on choquait les verres, et un mot d ordre était glissé tout bas à l'oreille des partisans ; c'était un appel, un rendez-vous dans tel vallon , tel bois, tel chemin creux, pour aller le lendemain abattre l'arbre de liberté des paroisses voisines, rosser le percepteur qui venait réclamer l'impôt de la République, ou enlever des mains des Terroris- tes quelques prêtres dont la retraite avait été trahie. La République envoya non pas une armée pour soumettre quelques centaines de factieux , mais quelques détachements des gardes nationales de Feurs, Chazelles-sur-Lyon et Saint-