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LE ROI DES CHEVRIÈRES. 241
Chamond. Ces derniers surtout étaient renommés par les
razzias nombreuses qu'ils faisaient, moins contre les idées
religieuses et royalistes que contre les jambons enfumés qui
ornaient les poutres des fermes ; aussi, on les avait surnom-
me's Soldats des Jambons.
Le passage de Croizier annonçait toujours quelques razzias
pour le lendemain ; les républicains venaient en effet abattre
ia croix d'un hameau, mais au détour d'un chemin creux un
coup de feu parlait du taillis voisin, cl un habit bleu tombait
frappé à mort. A chaque excursion les républicains laissaient
un des leurs , et se vengeaient de leurs ennemis invisibles,
en dépouillant les maisons défendues par les femmes, ou en
levant des contributions forcées sur les riches habitants de
ces montagnes.
Cette petite insurrection se prolongea longtemps encore
après la chute de Lyon ; elle était trop faible pour inquiéter
aucun gouvernement ; aussi l'administration deFeurs, et plus
lard celle de Monbrison, se contentaient d'envoyer de temps
h autres quelques détachements de gardes nationales vivre Ã
discrétion aux dépens des familles les plus compromises.
Mais en 1798, le réveil des Vendéens sous le nom de Chou-
ans , les réactions royalistes dans le midi de la France, les
vengeances que les assommeurs exerçaient à Lyon , donnè-
rent à l'insurrection deChevrières une nouvelle énergie; un
rendez-vous général fut assigné, dans le grand bois deMessi-
lieux pour le 24 frimaire an VII , Ã tous les partisans de
Chevrières, Saint-Denis et Sainl-Médard ; l'abbé Jacquemonl,
essayant le rôle de Pierre l'Ermite, prêchait depuis quelques
jours dans ces paroisses une croisade contre les anciens par-
tisans de la Terreur. C'est l'annonce de cette croisade qui
parvenue à Feurs, grossie par la distance, avait jeté la crainte
et la frayeur parmi les anciens partisans de Javogue. Mais
l'administration départementale , instruite des projets de
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