page suivante »
LE ROI DES CHEVRIÈRES. 239
de distance dans le vallon de la Gimond, servit plus d'une
fois d'asile aux chefs de ce mouvement et leur prêta ses om-
brages.
MM. deMeaux et de Bésignan, en rapport avec les chefs
vendéens , eurent la pensée d'organiser dans les montagnes
du Forez une insurrection contre la Bépublique. Ils firent de
Chevrières le centre de leurs réunions, mais leur action s'é-
teudil sur Saint-Denis etSaint-Médard ; ils armèrent quelques
paysans et leur donnèrent pour signe de ralliement une pe-
tite; croix en laine blanche. Puis, un dimanche matin, alors
que toutes les églises de France étaient fermées et le culte
proscrit, les habitants de ces montagues se trouvèrent réunis
devant l'église de Chevrières: un autel était dressé entre les
deux tours crénelées du portail du vieux château ; un prêtre
y célébrait la messe en plein soleil et y remplissait la princi-
pale cérémonie d'un culte aboli. Plusieurs discours furent
prononcés : « La religion , disait l'abbé Jacquemont, guidait
« en ce moment les armées vendéennes et les rendait in-
« vincibles ; Lyon allait devenir la capitale de la France et
« ramener la paix avec les Bourbons »
La paix , la monarchie, en faliait-il davantage pour remuer
les paisibles habitants de tes montagnes attachés au culte et
aux souvenirs de leurs pères ? — Louis XVII fut proclamé
roi de France, et des cocardes blanches distribuées à lous les
assistants. Séance tenante, fut organisée une force armée
appelée « Volontaires. » Le chef apparent fut un nommé
Antoine Croizier , jeune exallé de trente-cinq ans, que les
flatteries des chefs cachés et ses convictions personnelles pla-
cèrent à la lêle de cette petite insurrection. Antoine Croizier,
quoique simple cultivateur, éîait un des riches habitants de
Chevrières. 11 était boiteux, mais lorsque à cheval il jouait
son rôle de chef de parti on admirait sa belle tête au profil bour-
bonnien , bien posée sur une large poiïrine. Il avait trois