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 186                    BIBLIOGRAPHIE.
  mots empruntés à nos voisins et qui ont pris pied chez
  nous par droit de conquête. Plus libéral que le Diction-
  naire de l'Académie qui ne regarde pas encore comme
  français zouave et vagon, il ouvre ses modestes pages à.ces
  étrangers, dont quelques-uns ressemblent singulièrement à
  des barbares. Sont-ils bien des nôtres, en effet, ces alder-
 mann, ces alguazils , ces toasts , ces wists , ces zinc que
 nous trouvons à chacun de nos pas et dont nous faisons
 un si grand usage? — >on,_certes, diront les étymologistes.
 — Mais, oui, sans doute, répondra la nation entière. Sup-
 primez-les, nous ne saurons plus comment parler. C'est
 pour aider à leur naturalisation que l'ouvrage de M. Pey-
 reigne a été entrepris. Grâce à son livre, trop incomplet
 cependant, notre langue'^exprime brièvement des idées qu'on
 ne pourrait rendre que par des périphrases d'une incom-
 mensurable longueur; il met au courant de ces termes
 quelquefois insolites dont se servent les hommes pratiques
 et il permet de prononcer aujourd'hui et sans faire sourire,
 ces mots que nous serons peut-être obligés de prononcer à
 haute voix demain.
    Nous disons que le livre de M. Peyreigne est incomplet,
 c'est notre avis. Cette première édition , fruit d'une idée
 heureuse, laisse à désirer, soit pour le nombre, soit pour le
 choix des mots cités. On y trouve des locutions purement
 latines, telles que: ab absurdo, abditee causée, alter ego,
 ave Maria, invisibilium, interdentium,      noli me tengere,
verba volant, qui n'ont rien à faire là ; si nous acceptons
 boni, débet, décorum, ad libitum, nous ne pouvons rece-
voir des citations , des membres de phrase complètement
étrangers à notre langue ; quelquefois on tombe dans l'en-
fantillage comme lorsqu'on rencontre : Degringolandp ,
que l'auteur traduit : en dégringolant ; pimpesouée, femme
qui fait la précieuse ; ric-à-ric, avec rigueur. La place au-
rait été mieux occupée par des termes plus utiles et plus
sérieux ; enfin le nombre des mots indiqués pourrait être
immensément plus grand , même sans beaucoup augmen-