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extrêmes médiocrités comme les extrêmes supériorités ; ce
n'est pas sur elles que l'on peut asseoir une théorie ; c'est sur
cette moyenne de talent, assez forte pour mériter l'éloge, pas
assez éclatante pour s'en passer.
   A ceux-ci s'applique le Vœ victis. Etant donné dix artis-
tes de mérite égal dans un milieu ordinaire, non hors ligne,
deux réussiront parce qu'ils oni m faire, huit resteront oubliés,
on ne les aura pas même regardés.
   Et à quoi ai-je prétendu en venir avec ce début? A expli-
quer que dans ce compte-rendu Irès-succincI, le silence ab-
solu ou le laconisme à l'égard de tant de peintres, n'indique
nullement l'intention" de les dénigrer ; il faut avoir quelque
chose à dire. Or, quand un peintre déjà connu et apprécié
continue à bien faire sans rompre avec ses procédés habituels,
sans étonner par un saut inattendu, que peut-on en dire?
Rien, sinon qu'il n'est pas inférieur à lui-même. Nous pré-
férerions une énormité qui fournirait un bon alinéa de dis-
cussions. Personne n'ignore la longue série de chefs-d'œuvre
déroulée par Saint-Jean, depuis le jour où il exposa pour la
première fois jusqu'à l'année regrettable de sa mort: à cha-
que salon, il faisait mieux. Ses progrès, comme tout progrès
véritable, arrivaient sans secousse, comme des fruits à leur
parfaite maturité; une perfection de plus semblait le résultat
normal de ses travaux antérieurs. Tribulalion pour l'écrivain
chargé d'en rendre compte, toujours obligé de parcourir le
même cercle de formules laudalives. Saint-Jean, homme
d'esprit autant que poète de la couleur et de la forme, com-
prit bien que les Athéniens se lasseraient de l'entendre appeler
le peintre par excellence des fleurs et, des fruits. Un beau jour,
il exposa, lui l'amant passionné de la belle nature, de la na-
ture choisie, telle qu'elle devrait être en sa libre expression
el non telle qu'elle est, torturée par les caprices et l'incurie,
il exposa un portrait réaliste, une tête de vieillard vulgaire
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