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NOTES SUR L'EXPOSITION DE 4865. Toute exposition se réduit, en définitive, à quatre ou cinq tableaux qui absorbent l'attention des visiteurs au détriment des autres. Un peintre veut-il faire du bruit dans le monde, acquérir une notoriété hors de discussion , il faut qu'il par- vienne à être des cinq ; il faul frapper fort ; pour cela les moyens sont très-variés et doivent se renouveler sous peine d'être stériles. Après une période d'engouement pour les nu- dités, faites de la peinture ascétique; après avoir exagéré la sécheresse du dessin, exagérez l'éclat de la couleur ; après d'immenses cadres, arrivez aux sujets microscopiques; l'im- portant est de se faire remarquer, chose difficile dans une arène où se pressent tant de vaillants lutteurs; il faut que le public, avide de nouveautés, se fasse bousculer, étouffer, écraser devant vos productions: alors vous avez léussi, vous êtes célèbre. Celle méthode est vicieuse, les artistes le savent et sont malgré eux obligés de la suivre. A ce compte, dira-t-on, le talent n'est donc plus qu'un paradoxe, et comment nous faire croire qu'il suffise d'un peu d'audace, de beaucoup de récla- mes, et de prendre le rebours des opinions reçues pour faire triompher une croûte? Je suis loin de dire cela. On ne réussit pas en vertu de la puissance du charlatanisme si le talent fait défaut, et, en thèse générale, le talent finit toujours par se faire connaître. Mais laissons, je vous prie, amis lecteurs, les