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174 LA CHASSE AUX LIONS. Bravo, me dirent mes compagnons qui étaient déjà à mes côtés. Il a son compta « Rien n'empêche, fit Bernard ; mais il faut attendre le jour K pour le chercher'. Ces bêtes-là , c'est traître comme tout / » La moli' n fut trouvée prudente et nous reprîmes, triom- phants, le chemin d'El-Â... attentifs pourtant aux murmures de la forêt, et sondant de l'œil 1rs profondeurs du halier. La mère Thomas veillait encore et confectionnait à notre intention une soupe au fromage pantagruélique. Cinq ou six buveurs profilaient de l'occasion pour s achever. On se le- va à notre entrée. — Eh bien?.... — « Eh bien, c'est fait, » répondis-je simplement; et j'ajoutai avec une modestie exemplaire : «Peuch! ce n'est pas le diable! » Les grandes joies et les grandes douleurs ôtent l'appétit. J'allai donc me coucher sur la paille du fenil, unique lit de celte hôtellerie patriarcale et primitive. Jusqu'à l'aube, je rêvai de chasses nemrodêennes. Jules Gérard ne m'arrivait pas au coude. Ce n'était plus un à un mais par bandes, que j'exterminais les lions. On m'accorda un congé illimité jusqu'à extinction complète de la race. La maison paternelle était toute tendue de royales dépouilles à griffes dorées. On m'érigeailune statue équestre sur la place du Palais, à Constanline, et ma monture était un lion sellé et bridé. Au petit jour, on se mil en route avec la voiture à âne de la mère Thomas, quatre indigènes matineux, et mon chien Saïd. Je voulais montrer à ce dernier quel beau coup avait fait son très-humble serviteur. Près de la fontaine, de larges traces de sang tachaient le sol. — « Cherche, Saïd, cherche !..... »