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                    LA CHASSE AUX LIONS.                   171

   C'est un site imposant et grandiose.
   La rive droite s'élève par gradins successifs jusqu'au som-
met d'El R..., que dominent deux pitons géants.
   Les bruyères, les lavandes, les lentisques, les myrtes, tous
les arbustes du Tell, jettent sur les pentes un sombre et odo-
rant tapis, Ça et là, le roc perce la couche de terre, et le
squelette de 5a montagne apparaît à nu, coloré par places de
riches tons d'ocre rouge, ou de pâles teintes d'un gris bleuâ-
tre ou rosé.
   La rive gauche, plate el basse, se couvre d'une végétation
touffue et luxuriante. C'est, un océan de verdure , d'où sur-
gissent des massifs de frênes, des trembles séculaires et de
noueux chênes-lièges.
   La vigne sauvage et les lianes se cramponnent aux troncs
rugueux, escaladent les hautes branches, s'élancent d'un ar-
bre à l'autre, couronnant ces mouvantes colonnades d'arceaux
aériens et de frêles guirlandes.
   Au bord de la fontaine, un hémicycle ras et nu, foulé par
mille empreintes diverses, recouvert d'une coupole de feuil-
lage, semble le chœur d'un gothique édifice.


   Bernard attacha le chevreau à une ronce, et nous prîmes
position de manière à nous prêter un mutuel appui.
   La nuit vint rapide et sans crépuscule, et presque aussitôt
commença un étrange concert.
   On eût dit que de cinq lieues à la ronde toute la faune al-
gérienne se donnait rendez-vous à l'abreuvoir.
   Les chakals aux cris flûtes, les renards glapissant comme
la clarinette, les sangliers grognant comme ie violoncelle, la
hyène aux sanglots éplorés, comme la finale d'un air de
trompe, le porc-épic renâclant comme une cornemuse el la
rauque cohorte des oiseaux nocturnes faisaient leur partie