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170                  LA CHASSE AUX LIONS.

    Ce mot peint l'homme.
    II entra justement comme je songeais à lui.
    — « Trouvez-moi un gendarme qui vous donne 5 ou 6
 « balles de pistolet (mon vieux fusil était de petit calibre).
 « Prenez votre mousqueton et venez me retrouver ; nous
 « irons ce soir à l'affût du lion. »
    — « Rien n'empêche. »
    Une demi-heure après, Bernard revint avec une poignée
 de balles, qu'il mit dans sa casquette, son mousqueton qu'il
 plaça dans un angle, un chevreau vivant pour amorcer le
 lion, qu'il attacha au pied de la table, et le brigadier de gen-
 darmerie qui me dit: « Sauf l'agrément de la société, proba-
 « blement indubitable entre militaires, pour prendre part à
,« la gloire, je viens participer au péril !!       »
    En attendant, on participa 8U dîner excitant de la mère
 Thomas, puis on se promena bras-dessus, bras-dessous, par
 toutes les rues du village, avec un peu d'émotion et beaucoup
 de fierté, comme il sied à des gens prêts à s'illustrer par une
 action d'éclat.
    Quand je dis : toutes les rues.... c'est une façon de parler;
 El-A..., n'avait qu'une rue; mais les autres étaient tracées.
    On y a peut-être bâti des maisons.
    Je m'attendais presque à voir la population semer des
 fleurs sous nos pas. On devait, me semblait-il, lire sur nos
 képis :
    Voilà ceux qui vont tuer le lion !
    Nous partîmes au soleil couché: Bernard fit boire au che-
 vreau un grand verre de rhum pour lui donner courage.
    D'El-A        à la source il faut une heure de marche. On
 suit d'abord la route frayée, puis on tourne à droite pour re-
 monter le lit pierreux d'un torrent.
    La fontaine jaillit parmi les galets, forme une mare circu-
 laire, et se perd ensuite sous le sable.