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                       LA CHASSE AUX LIONS.                     169

      Ceci vous donnera une haute idée de l'éloquence entraî-
   nante de la mère Thomas
      El de mon dévouement à sa personne.
      Pour mûrir mon plan, je m'attablai en face d'un champo-
   reau.
      Le champoreau est l'inverse du gîoria.
       Le gloria se compose de café, de sucre, et d'eau-de-
   vie.
      Le champoreau se compose d'eau-de-vie, de sucre et de
   café.
      On affirme que ces deux mélanges n'ont pas le même
   goûl.
      C'est peut-être vrai.
      Tout en examinant si la mousse légère formait à la sur-
   face du liquide un groupe cenfral, excellent présage, ou un
- anneau enveloppant, signe infaillible d'insuccès, je réfléchis
   à celte parole de l'Ecriture :
      Malheur a l'homme seul !
      Mais j'avais deux compagnons à toute épreuve.
      Mon chien d'abord,.grand et vigoureux métis de braque et
   de chien courant (nn corneau, comme l'on dit dans mon
   pays) sans pareil pour le lièvre ou la perdrix, mais nullement
   dressé à la chasse au lion. Celui-là donc m'était inutile.
      Puis mon canonnier Bernard, un type, manquant, il esl
   vrai, d'initiative, mais comme Gusman, méprisant les obs-
   tacles, ignorant le danger et ne voyant rien que de très-na-
 , lurel dans les projets les plus gigantesques, si la pensée lui en
   était suggérée.
      Vous lui auriez dit : Nous allons manger à nous deux le
   rocher de Constanline, qu'il eût usé jusqu'à la racine ses lon-
   gues dents sur le granit.
      Il avait un mot pour répondre à tout:
      « Rien n'empêche. »