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  H 4                    LITTÉRATURE.

   si je ne me trompe, en ont renouvelé l'attrait. Autrefois
  on étudiait surtout les œuvres de l'antiquité pour les ap-
  précier d'après des règles précises et pour y chercher
  des modèles. A la longue cette préoccupation devait
  émousser le sentiment et faire tourner l'admiration au
  lieu commun. C'est ce qui est visible chez la plupart des
  critiques du XVIIIe siècle, l'abbé Batteux et La Harpe ,
  par exemple. De nos jours cette méthode théorique et
  dogmatique est en discrédit ; c'est surtout à un point de
  vue historique que nous éludions les littératures. Et en
  cela notre siècle a suivi sa penle, car c'est le siècle de
  l'histoire ; à aucune autre époque les sciences historiques
  n'ont joui d'autant de faveur et n'ont accompli d'aussi
  grands progrès que depuis cinquante ans. Aujourd'hui,
  l'histoire ne se contente plus de raconter les événements
  du passé, elle veut pénétrer dans la vie même des so-
  ciétés qui nous ont précédés sur le globe, en faire un ta-
  bleau complet et sensible, en être, pour ainsi dire, la ré-
  surrection. C'est le mot, Messieurs, d'un homme qui a
  bien le droit d'être entendu en pareille matière, car il a
  été un des chefs de ce mouvement, Bien qu'il y ait un
, peu d'excès dans une prétention si haute, tout le monde
  reconnaît que jamais l'histoire n'avait donné à ses iec-
  teurs un sentiment aussi profond et aussi vif du passé.
  Cela vient en grande partie de ce que nos historiens s'i-
  solent davantage, par l'imagination, de l'état actuel des
  choses ; de ce qu'ils se transportent plus complètement
  dans les lieux, dans les temps, dans le milieu social où se
  sont passés les faits qu'ils exposent. L'étude des littéra-
  tures a servi cette tendance, mais aussi elle en a profité.
  Elle a fait mieux comprendre les sociétés éteintes, les