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LA CHARTREUSE DE SAINTE-CROIX. 45 cherche du lieu inconnu vers lequel s'étaient dirigées la croix et les étoiles. Toujours sous l'impression de celte apparition extraordinaire, elle devançait sa suite de quelques pas, lorsque tout à coup la croix et les étoiles lui apparaissent de nouveau et, comme l'astre rayon- nant des Rois Mages, fuient devant elle jusque dans un vallon solitaire, situé au-dessous du petit village de Pavesin, où elles s'arrêtèrent enfin. Jamais Béatrix n'é- tait venue en ce lieu, jamais elle n'avait manifesté à per- sonne son intention de fonder un monastère. Et cepen- dant, chose étonnante, à peine s'est-elle arrêtée que le maître du champ arrive à son tour et lui dit : — Noble dame, qu'êtes-vous venu faire ici ? J'ai rêvé que vous désiriez acheter ce domaine. Béatrix crut voir dans ces paroles un indice de la vo- lonté divine, et elle fit acheter ce terrain par deux hom- mes prudents et sages. Le même jour, comme elle prenait là un léger repas, arrive encore un maître maçon tailleur de pierre, au service du duc de Savoie ; la noble châte- laine s'étant informée de l'objet de son voyage, il répon- dit : — Madame, je suis venu ici, croyant que vous aviez l'intention de fonder une maison de l'ordre des Char- treux. — Ce langage qui mit le comble à son étonne- ment, la détermina à traiter avec lui, et quoiqu'elle eût peu d'argent, et qu'elle fût chargée d'enfants et de nom- breuses affaires, elle lui confia pour un prix déterminé, la construction de la nouvelle Chartreuse. Tel est le récit fait par Béatrix elle-même dans une lettre adressée au prieur du Monastère de Val-Vert près de Paris. Tel est aussi le sens de l'inscription latine d'un ancien tableau du couvent de la Grande-Chartreuse, re-