page suivante »
UN TABLEAU DE L'ÉGLISE DE BOURG. Nous empruntons au COURRIER DE L'AIN du 9 novembre une note d'un haut intérêt, au sujet d'une des œuures d'art les plus belles et les plus précieuses que possède l'intelligente cité notre voisine. « On sait que le triptyque de la vie de saint Jérôme que possède l'église paroissiale de Bourg, et qu'on attribuait, non sans quelque raison, à Albert Durer, porte le monogramme de son maître Michel Walghmulh,— et qu'il est arrivé de Bruxelles à Brou ; — ce point a été constaté dans le cours de cette année. Il restait encore une lacune à eclaircir sur le donateur primitif et sur la transmission de cetle œuvre , de Nuremberg à Bruxelles , puis à Bourg. « Le dernier n° de la Revue Britannique, qui publie des fragments de la correspondance d'Albert Durer et du journal qu'il a régulièrement tenu durant son séjour dans les Pays-Bas pendant les années 1520 et 1521, — extraits d'une récente publication éditée à Nuremberg, — contient une mention qui comble cette lacune. Elle donne la preuve que le donateur de notre tableau a élé Albert Durer lui-même , le donataire meister (maître) Konrad,—le taillieur d'images, sculpteur des mausolées de Brou,—dont le prénom a été défiguré en celui de Conrart par les pièces ou marchés de Brou, où son nom serait écrit pou lisiblement, ou plutôt par la mauvaise habitude que nous avons d'altérer les noms étrangers pour les franciser. « Voici la note qu'on trouve dans les fragments d'Albert Durer : « J'ai emballé et envoyé, par Meister Gilgcn , un présent au sculpteur « nommé meister Konrad , qui demexire à la cour de Madame Marguerite, « fille de l'empereur Max. Je n'ai jamais vu d'artiste qui l'égalât pour le « talent.— Je lui ai donné mon saint Jérôme, un Antoine, une Véronique, « une Mélancolie et deux nouvelles Marie. » « On sait que l'œuvre de meister Konrad Meyt, la sculpture des mauso- lées de Brou, justifie complètement l'hommage que lui rend ce grand maître, Albert Durer, par ces mots : « Je n'ai jamais vu d'artiste qui l'égalât pour le talent. » « Meister Konrad en venant travailler à Brou y aura porté le saint Jérôme qui lui avait élé donné par Albert Durer qui le tenait de son maitre. M Baud a fait connaître comment de cette église ce tableau a passé dans celle de Bourg, au moment de la révolution , lorsque le père Rousselet est devenu curé de la paroisse. « En ce moment le triptyque de saint Jérôme, qui est assurément une des principales richesses artistiques de l'église Notre-Dame , comme il l'était autrefois du monastère de Brou, est placé dans le grand salon du presby- tère. » F. DlIFOBR.