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                          LE SANS-GÊ!NE.                         57

l'inventeur ou le soutien. Ces Messieurs n'ont pas l'air de se
douter que les gens raisonnables puissent se rattacher encore à
des croyances vermoulues qui s'écroulent de toutes parts et qui,
ainsi qu'ils osent le dire, ont fait leur temps ! Ici c'est un grand
poète accueilli par l'Académie française, préconisé par tous les
critiques littéraires du jour, qui ne voit en Jésus qu'un adorable
fourbe, et qui, dans des vers harmonieux remplis de force, mais
encore plus d'audace , demande à Dieu de se faire mieux
connaître, s'il prétend à notre adoration.
   Là c'est un grave professeur q u i , renchérissant sur le pan-
théisme d'Hegel , déifie l'humanité et la nature , puis fait
l'Eternel participant à nos actions et s'identifiant en nous.
   Ailleurs des rimeurs bons vivants entonnent des cantiques en
l'honneur de toutes nos passions et de leur assouvissement ; ils
brisent en se jouant les barrières dont la religion entourait les
vices; leurs vers impies liment les chaînes qui attachaient
l'homme à ses devoirs, à ses croyances, et leurs muses se rient
également de la vertu et de la foi !!
   Ah ! sans doute, si grands que soient les talents de ces divers
auteurs, la religion vit encore et ne mourra point dans le cœur
d'un nombre immense de fidèles ; mais n'est-il pas bien triste de
la voir ainsi mise hors de cause, alors qu'il s'agit de proclamer le
but de notre existence et le Créateur qui nous la donna ? de
voir remplacer son culte clair, dont les sanctions morales sont
accessibles aux plus faibles intelligences , par des systèmes
obscurs qui, bien qu'étayés par des hommes supérieurs, n'en
conduisent pas moins à des conséquences absurdes?
   N'est-il pas affreux que de fortes intelligences se consacrent à
prouver que l'Etre immense dont elles émanent n'existe pas?
de parcourir de gros volumes écrits en vue de ce malheureux
but et dont l'indignation publique ne fait pas une prompte et
sévère justice, mais au contraire de trouver dans des Revues
renommées la critique de ces œuvres faite avec un ménagement
extrême et presque des éloges accordés à leurs auteurs?
  Voilà le sans-gêne qu'il est horrible de constater : oui ! ce
christianisme dont on fait table rase lorsqu'on veut expliquer



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