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466 GRAVURES DE LA BIBLIOTHÈQUE COSTE santeries se renvoient et s'échangent avec une vivacité toute méridionale ; parfois un mot spirituel éclate et se répand dans la ville avec un entrain qu'on ne connaît plus aujourd'hui, et, comme on ne prête qu'aux riches, lorsqu'une raillerie est dé- cochée à un homme au pouvoir, lorsqu'un mot plaisant ou malin frappe quelqu'un ou quelque chose c'est toujours d'une bêche qu'il est parti. Un quai, chose rare et curieuse, part de la place de Roanne et vient aboutir jusqu'à la place de la Baleine, c'est dire combien ce quartier est riche et beau. En effet, les maisons, les hôtels de- vrions-nous dire , ont un aspect d'opulence tout particulier. Par- tout, jusqu'au Pont de Pierre , les fenêtres ont des tentes et des persiennes ; le rez-de-chaussée a une entrée pour les bateaux, et aux étages supérieurs des balcons élégants permettent de respirer l'air du soir et de contempler le speclacle animé et ravirsant que la nature offre aux yeux ; nous exceptons des objets dignes d'attirer les regards, les nombreux baigneurs que le peintre a représentés dans les poses les plus variées, nageant, tourbillon- nant , montant et descendant avec une agilité qu'on devine, et beaucoup d'cntr'eux , le corps à moitié plongé dans l'eau comme des JNayades, avec la différence que c'est la tète qui est sous les flots. Nous avons vu le Lyon matériel, les maisons, les monuments, les édifices; nous allons essayer de décrire cette société, ce peuple , cette foule qui s'agite et circule sur le premier plan , puisse notre plume être à la hauteur du fin et spirituel crayon qui a si bien étudié et si bien rendu la physionomie de nos pères. A. V.